Manhattan terre promise des juifs qui fuient Paris.
Celui-ci est le titre d’un article de Maurizio Molinari correspondant de La Stampa à New York et, en sous-titre,
Un exode de professeurs de Sciences Po, entrepreneurs, familles et étudiants. « En France trop de polémiques religieuses, les musulmans nous haïssent »
Que faire devant ce texte ? Le résumer au risque de le dénaturer, ou le traduire n’étant pas sur d’avoir le droit de le faire ? J’opte pour la deuxième solution en m’excusant d’avance avec Maurizio Molinari si j’ai commis un abus involontaire.
Pour les lecteurs italiens et les amateurs de la belle langue, ci-dessous le lien avec le texte original.
link Manhattan terra promessa per gli ebrei in fuga da Parigi
Vers midi de chaque samedi sur les trottoirs de l’Upper West Side, on entend parler français. Il s’agit de groupes de fidèles sortis des synagogues de la 75e 78e 84e rue, fréquentées par un nombre de juifs français qui s’accroit chaque semaine.
Ce sont des familles avec enfants, jeunes, professeurs ou managers. Le consulat sur la Fifth Avenue n’a pas une évaluation numérique de ce phénomène, dont la tendance s’amplifie. Dans la « Manhattan Day School » les professeurs ont du faire face à l’accueil d’enfants d’une famille arrivée juste avec quelques jours de préavis.
Alexia Lefebure, directrice de la « Alliance Program » entre Columbia University et « Sciences Po » parle d’un nombre importants de professeurs juifs parisiens qui demandent à enseigner ici.
Pour comprendre ce qui est en train de se passer il faut entrer dans le Jewish Center sur la 86e rue où, en mars 2012, les juifs newyorkais se réunirent autours des coreligionnaires français pour commémorer les victimes de la tuerie de l’école « Hozar Hatorah » de Toulouse où le djihaddiste Mohamed Merah tua un rabbin de 30 ans, ses fils de 6 et 3 ans, et une autre fille de 8 ans. A conduire cette cérémonie ce fut Zachary, 29 ans, de Strasbourg, manager dans les transports. « Si New York se remplit de juifs français le motif est à rechercher en 2002 –il explique – quand en coïncidence avec la deuxième Intifada palestinienne commença chez nous une saison d’agressions physiques, qui n’a jamais cessé, de la part des arabes, portant le conflit du Moyen Orient sur nos routes ». Plus de 80% des environs six cent mille juifs français, la deuxième communauté plus nombreuse hors d’Israël après celle américaine, provient du Maroc, Tunisie et Algérie. Familles sépharades avec derrières elles des siècles de vie en commun avec les musulmans, obligées de fuir le Maghreb à cause des pogroms des arabes dans les années 50-60 et qui avaient retrouvé en France la coexistence entre fois monothéistes.
« Les symptômes de l’intolérance musulmane envers nous existaient même avant 2002 –ajoute Daniel employé dans une banque française à Manhattan- mais la deuxième Intifada les a transformés en une atmosphère asphyxiante » « Le meurtre de Ilan Halimi , 23 ans, en 2006 fut le premier choc. Puis d’autres ont suivi » explique David père de 2 enfants, grandi aux Lilas à la périphérie de Paris. « Quand enfant j’allais à l’école, 20% des résidents étaient juifs, maintenant il n’y en a plus un seul ».
L’éloignement de la France suit un parcours que Noham Ohana, manager chez BeaconLight Capital, reconstruit ainsi : « On se déplace de la périphérie de Paris vers le centre jusqu’au quartier du XVIème où il y a plus de restaurants kasher qu’à Manhattan et puis l’étape suivante est vers Israël ou New York ». La thèse de Ohana, auteur du livre « De Sciences Po à Tsahal » est que « les juifs français s’en vont pour des motifs qui ne se limitent pas à l’intolérance et incluent aussi les mêmes raisons qui poussent à partir la classe moyenne haute, c'est-à-dire la recherche de meilleures opportunités par rapport à une société qui ne permet plus de penser et voir grand » c'est-à-dire que c’est le modèle français qui a faibli. Ce qui rapproche Zachary, Daniel, David et Noham est le fait d’avoir fréquenté l’école publique, de s’être formés à la « laïcité de l’état » et d’avoir constaté, dans les 5-6 dernières années que « la nation à changé puisque les polémiques religieuses se propagent »
Il y en a qui ont mémorisé sur les mobiles les images des sifflets à la Marseillaise au stade de France à l’occasion du match France-Algérie et les réécoutent toujours plus incrédules pour l’intolérance envers notre nation ! La sœur de David a été agressée à Nice par quelques arabes : « ce sont des faits qui se produisent continuellement, sur la route ou dans le métro –ajoute Aharon, designer dans une start-up – Ils t’obligent à marcher tête baissée, porter un chapeau pour cacher la kippa ». Le grief fait à la police est « de classer souvent les agressions non pas comme antisémitisme mais comme vol ou violence » cachant ainsi les vraies dimensions du phénomène.
Les sympathies politiques se partagent à moitié entre droite et gauche. Ohana connait les socialistes de Hollande de l’intérieur et il assure « qu’il y a la détermination de garantir une plus grande sécurité aux juifs » mais sur la possibilité de les convaincre à faire retour il est plus prudent : « Ils ne peuvent contrôler les aspirations de ceux qui, juifs ou pas, veulent aller ailleurs pour réaliser leur propre rêve » Aharon est plus concret : « En France pour un pratiquant il est impossible de trouver du travail dans une société alors qu’à New York il ne faut rien expliquer ; tout le monde sait que nous ne travaillons pas le jour du Kippur, les fêtes et les samedis ».
Le résultat est que Paris est une ville de laquelle les juifs s’en vont, sans fracas mais continuellement, portant avec eux traditions et symboles. Comme le maillot de l’AS Menorah qui joue sur les terrains de Harlem, contribuant à modifier l’identité d’une France dans laquelle les musulmans augmentent et les juifs baissent.